Jour 20 | Calendrier de l'Avent

Une 2-penny pour le dernier vendredi du calendrier, par nul autre que @AntoineGodin, fervent amateur d’histoire et de bières britanniques.

La London Brown Teacle 2-penny d’Antoine se présente magnifiquement avec une robe ambrée, presque rouge brique, d’une clareté exemplaire. Belle tenue de mousse également. Au nez, on sent des notes de pain grillé, d’esters typiquement anglais, et peut-être même une touche de fruits séchés (figues, raisins secs).

En bouche, c’est bien goûteux pour une bière obtenue à partir du deuxième moût d’un empâtage. C’est sucre d’orge, mélasse, fruits séchés encore, et un brin sucré. Les houblons se font timides et c’est correct. Nous avons un corps assez rond malgré l’effervescence généreuse (un tantinet trop prononcée pour mon goût). Cette bière est délicieuse et semble avoir bien vieilli, considérant qu’elle a été brassée il y a 11 mois.

Nous aurons la bière du premier moût demain. Bien hâte de goûter à ça!

Et je serais également curieux de lire Antoine nous parler un peu du processus de brassage et peut-être même aussi du volet historique entourant le style “London Brown Treacle”.

Woohoo j’attendais Norm pour donner mes commentaires :grin:! Alors ce soir une petite rouquine ayant de la vie en refermentation en bouteille! Je dois dire Antoine, premièrement j’aime beaucoup ton étiquette! Un petit vineux au nez, du beau grain de spécialité en place. On goûte vraiment bien le treacle et la cassonnade, c’est super plaisant! J’ai un peu d’autolyse en bouche, très subtil, la finale étant pour moi sur une cerise noire, que j’apprécie beaucoup. L’amertume frappe bien en fin de gorgée, vraiment le fun…hâte de goûter les first runnings demain!!! Merci Antoine

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Merci pour ces beaux retours les gars! Pour ma part j’ai trouvé que froide elle avait des goûts dominants de fer et de rouille. Ensuite en se réchauffant ces goûts s’atténuent beaucoup et tournent tout simplement à la “mélasse ferreuse” qui se mélange aux autres saveurs.

J’ai fait un mash à l’ancienne avec une touche moderne. À une certaine époque on mashait deux ou trois fois le même grain au lieu de rincer, avec de l’eau de plus en plus chaude. J’ai mashé deux fois, en rinçant. Le premier mash était à environ 63C et j’en ai retiré 17.5L, sans mashout. Le deuxième mash, pour la 2-penny, j’ai mashé à 70C pour ensuite monter lentement jusqu’à 80C. J’ai retiré 23L preboil. J’ai mis la même quantité de treacle dans les deux bières ce qui donne un goût peut-être un peu trop puissant dans la bière moins forte. Certains recommandent un maximum de 5% dans la recette et ça représente un peu plus de 3% dans la version plus forte. Probablement un meilleur équilibre.

Pour le côté historique, tu m’ouvres toute une porte Normand. :slight_smile: Pour les bières anglaises, il y a deux livres en particulier qui m’influencent beaucoup.
-The Home Brewers Guide to Vintage Beer: Rediscovered Recipes for Classic Brews Dating from 1800 to 1965 de Ron Pattinson
-Amber, Gold & Black: The History of Britain’s Great Beers de Martyn Cornell

En gros quand il est question de sucre et autres ajouts dans la bière, on se dit Allemagne=pas d’ajouts, Belgique=sucre. Mais l’Angleterre?

Je cite ici Pattinson:
“From 1816 to 1847, the only materials a brewer could legally use were malt, hops, water, and yeast. After 1847, sugar was also allowed, but in 1880 Britain’s mash tuns were thrown open to anything that was fit for human consumption.” Je pourrais donc dire que ma London est une post-1880?

Plus précisément, sur le sucre, Pattinson écrit:
“If you’re wondering why I haven’t included sugar among the adjuncts, I have a very good reason: I’m following nineteenth-century British practice. Rice, maize, and other types of unmalted grain were classed as adjuncts, but sugar was called a malt substitute. Splitting hairs, you could say, but it does demonstrate the standing that sugar had among brewers. Two main types of sugars were used: invert sugars and proprietary sugars.” Ensuite, comme ces sucres ne sont plus produits aujourd’hui, il donne des trucs pour essayer de les reproduire, ce que je n’ai pas essayé. J’ai donc juste essayé le treacle anglais à la place, mais les sucres étaient souvent dans les milds, les browns, les Burton ales (ou plus généralement tout ce qui tombe sous “vin d’orge”) les porters et les stouts. Ce serait une belle expérience pour ceux que ça intéresse!

Il y a quatre types possibles d’invert sugar:
No. 1, 12-16 SRM
No. 2, 30-35 SRM
No. 3, 60-70 SRM
No. 4, 275-325 SRM

Ben voilà, pour le reste je vous incite à feuilleter ces deux livres si vous vous intéressez à l’historique des bières anglaises.

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Wow, merci pour toutes ces explications. Fort intéressant.

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Il me semblait bien qu’il manquait un livre dans ma bibliothèque d’ouvrages brassicoles! Commande du livre de Ron Pattinson faite!!!

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